MPP#4-CTB : Lambersart : des scénarios de rénovation pour mettre à l’épreuve la transformation urbaine à venir ?

A la suite des travaux des étudiants présentés lors de leur projet de fin d’études pour certains, et de la restitution auprès des élus ainsi que le directeur général adjoint de la ville de Lambersart, voici les retours sur les éléments des projets étudiants pour souligner leur lien évident avec le projet européen Circular Trust Building (CTB).

PROJET 1 : Imaginer un outil d’aide à la décision au service de la rénovation circulaire des quartiers

Dans le sillage du projet européen CTB – Circular Trust Building, qui cherche à établir des conditions adéquates pour réduire l’empreinte carbone en incluant notamment davantage la circularité dans les projets de construction et de rénovation, les étudiants de l’INSA Hauts-de-France, avec l’appui de ceux de l’ENSAPL et de l’ENSAM, ont conçu un outil d’aide à la décision territorialisé sous la supervision de leurs enseignants Eric Delacourt, Julien Pellé et de Jérôme Lopez (Nobatek).

Il tend à répondre aux enjeux de massification de la rénovation énergétique dans les quartiers par le prisme d’une méthode de comparaison et de priorisation des scénarii de rénovation établie à partir d’un diagnostic multicritère. L’ »Outil’Rénov » se compose de plusieurs modules : collecte de données (INSEE, GO RENOV, SIG), calcul d’indicateurs multicritères (mobilité, environnement, qualité de vie, stabilité locative, vétusté…), et restitution des résultats via un tableau de bord interactif et des cartographies.

Parmi les indicateurs principaux : l’indice RNV, qui mesure la part de bâtiments dont l’étiquette énergétique est supérieure ou égale à D (ex. à Lambersart : 60 % de bâtiments concernés), et l’indice COUV, qui quantifie la couverture en transports en commun selon la formule COUV = 1 – (surface non couverte / surface totale) * 100.

Appliqué au centre-bourg de Lambersart, cet outil révèle une couverture des transports en commun (TEC) insuffisante (seulement 86,5 %) et une nécessité d’intervenir sur l’isolation thermique du bâti. En plus de ces analyses chiffrées, les étudiants ont engagé un dialogue avec plusieurs collectivités territoriales afin d’ancrer l’outil dans les réalités opérationnelles : compréhension des freins techniques, arbitrages budgétaires, coordination des parties prenantes.

Ces échanges ont permis de faire évoluer l’outil vers plus de simplicité d’usage, une logique évolutive (mises à jour fréquentes), et une intégration de la donnée spatialisée via QGIS (Quantum Geographic Information System, logiciel libre utilisé pour l’analyse et le traitement de données spatialisées). En outre, des pistes d’amélioration ont été proposées comme l’élargissement des données, la modélisation des interactions ou l’intégration de scénarios dynamiques.

Ce travail croise pleinement les principes du CTB : territorialisation des indicateurs, exploitation et intégration des données déjà existantes, implication des acteurs locaux, et soutien à la prise de décision pour une transition bas carbone et circulaire des quartiers existants.

« Le projet vise à développer un outil d’aide à la décision, simple d’usage et continuellement actualisé, permettant aux collectivités de mieux connaître leurs quartiers, d’imaginer des scénarios de rénovation adaptés et de prioriser les interventions. L’approche s’appuie sur la collecte de données locales, la pondération d’indicateurs via l’analyse hiérarchique des processus (AHP), et une visualisation interactive des résultats pour guider l’action publique. » Denis Plancque, curateur d’architecture et pilote du projet MPP#4 aux côtés des enseignants.

 

PROJET 2 : Proposer une vision prospective inspirée par l’ADEME pour une ville coopérative et inclusive

Le projet de requalification du centre-bourg de Lambersart s’inscrit dans une démarche anticipatrice guidée par les scénarios prospectifs de l’ADEME à horizon 2050, qui ont structuré la réflexion du groupe notamment mené par les étudiants de l’ENSAPL. Ces scénarios, au nombre de quatre, explorent différents chemins vers la neutralité carbone :

• le scénario : génération frugale mise sur la sobriété volontaire, la relocalisation des activités et la valorisation de l’existant ;
• le scénario : coopérations territoriales promeut une gouvernance locale renforcée, fondée sur la mutualisation des ressources et des dynamiques solidaires entre acteurs ;
• le scénario : technologies vertes repose sur le développement massif d’innovations technologiques pour compenser les impacts ;
• le scénario : pari réparateur envisage une dépendance accrue aux technologies correctrices a posteriori. Ce scénario est celui qui n’a pas été exploité par les étudiants car il déresponsabilise quant aux actions de transformation à mener.

Les étudiants ont privilégié une approche hybride, centrée principalement sur le scénario “Coopérations territoriales”, en intégrant des éléments de frugalité et de technologies low-tech. Cette vision se traduit dans un aménagement souhaité le plus « ajusté » possible et le plus sobre des trois sites d’études principaux du projet :

La ferme Grébert, aujourd’hui vacante, serait réhabilitée en lieux d’activités partagées (café, salle polyvalente, ateliers artisanaux et numériques) liés à une nouvelle offre de logements collectifs, avec un accent sur la gestion des eaux pluviales, les circulations douces et la création d’un îlot de fraîcheur. Cet espace serait un nouveau point d’entrée au nord de la ville en lien avec la future ligne de tram et la voie verte à venir.

Les Halles, ancien centre technique et espace commercial, deviennent un tiers-lieu ouvert, mêlant espaces de coworking, centre jeunesse, restauration, primeur, et ateliers de formation, dans une logique de mixité fonctionnelle et sociale. Le réemploi du bâti existant est une solution privilégiée dès que possible avec une attention portée sur la conservation des structures existantes et la réutilisation des éléments déconstruits ailleurs dans les projets lorsque cela est possible.

Les espaces extérieurs sont repensés en continuité des bâtis : place publique végétalisée, rue du Bourg transformée en axe piétonnier estival, création d’un garage à vélos, mise en place d’un parking silo pour libérer l’espace urbain du stationnement en surface. Pour anticiper les conséquences du changement climatique, le projet vise à développer une plus grande résilience à l’eau avec plus de porosité du sol, un travail de renforcement du chemin de l’eau jusqu’à la Deûle, par exemple.

Ces éléments répondent à des enjeux concrets : sobriété foncière (loi ZAN), adaptation climatique (récupération d’eau, gestion de l’ombre, perméabilité des sols), vieillissement démographique, et accès facilité aux services dans une logique de « ville du quart d’heure ». L’ensemble constitue une réponse systémique, inclusive, et intégrée, fidèle aux ambitions du CTB de faire émerger de nouveaux récits autour de la circularité dans la rénovation.

Celui-ci est basé sur une rénovation des logements jusqu’à la classe énergétique C (145 kWh/m²). L’étude montre qu’en passant de 19 528 MWh/an à 13 808 MWh/an, le quartier gagne 5720 MWh/an. Cette énergie permettrait de raccorder 100 logements supplémentaires, avec une consommation estimée à 1939 MWh/an, laissant encore 3781 MWh/an de réserve, témoignant d’un surplus énergétique exploitable. 

 

PROJET 3 : Concevoir une alliance vertueuse entre autonomie énergétique et économie circulaire pour un quartier plus sobre

Complément essentiel du volet urbain, le travail des étudiants de l’INSA Hauts-de-France a permis de quantifier les apports concrets d’une rénovation énergétique ambitieuse dans le quartier Carnoy-Liberté. Leur proposition repose sur deux piliers techniques :

• Un réseau de chaleur optimisé. Celui-ci est basé sur une rénovation des logements jusqu’à la classe énergétique C (145 kWh/m²). L’étude montre qu’en passant de 19 528 MWh/an à 13 808 MWh/an, le quartier gagne 5720 MWh/an. Cette énergie permettrait de raccorder 100 logements supplémentaires, avec une consommation estimée à 1939 MWh/an, laissant encore 3781 MWh/an de réserve, témoignant d’un surplus énergétique exploitable.

• Un système de récupération des eaux pluviales, qui est dimensionné à partir des précipitations mensuelles moyennes et des besoins sanitaires (0,735 m³/hab/mois). Avec une surface de toiture de 26 480 m² et des cuves enterrées de 60 m³, l’équipe démontre la faisabilité d’un usage sanitaire régulier, notamment en avril (0,94 m³/hab), où les volumes récoltés dépassent les besoins. Ainsi, l’arrosage des espaces verts proposés dans les îlots de fraîcheur sera autonome grâce au système de récupération des eaux pluviales.

• Ces solutions sont intégrées à un phasage réaliste jusqu’en 2050 : apaisement des circulations, réaménagement progressif des infrastructures, végétalisation, piétonnisation temporaire l’été, et développement de mobilités alternatives (Bus à Haut Niveau de Service, véloroute, et la future ligne de tram). Les indicateurs de performance (KPI) établis valident les impacts environnementaux et sociaux du projet, qui anticipent les effets du dérèglement climatique. Enfin, le budget est maîtrisé, attestant de la viabilité économique des propositions. Ce travail illustre pleinement l’esprit du CTB : mobiliser les données, les ressources et les acteurs locaux pour construire une ville sobre et régénérative.

 

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