Dans le cadre du programme européen INTERREG Mer du Nord, le projet Circular Trust Building (CTB) explore trois sites roubaisiens représentatifs de son tissu urbain dans le cadre du Méta-Plateau Projet (MPP)#5 lors de cette automne 2025 : deux d’entre-eux se situent le long du canal, face au cimetière paysager, à savoir l’îlot Henri Martin-Galilée et l’îlot Perrot / rue Duc ; le troisième concernant une « courée » : la Cité Delcroix.
Lors du Mid Term Event, les étudiants engagés, issus de l’INSA (génie civil et mécanique énergétique), de l’ENSAPL (architecture et paysage), de Junia (Smart Cities, BTP, BAA) ainsi que des mastères spécialisés de l’ENSAM, ont livré ensemble des premières hypothèses audacieuses et stimulantes autour d’un diagnostic poussant jusqu’au narratif prospectif. Ils ont ainsi montré leur compréhension approfondie des écosystèmes urbains, architecturaux et paysagers. Notre format MPP permet de mettre en place les conditions favorables à des échanges constructifs avec les partenaires et membres présents. Le site du Palais Rameau de JUNIA a accueilli cet événement incontournable du MPP. Le MPP#5 est coordonné par Denis Plancque pour HABITER2030 et Tobias Logan pour la Ville de Roubaix.
Le canal : la colonne vertébrale d’une transition urbaine
Le canal de Roubaix constitue bien plus qu’un simple élément géographique car il est Longtemps perçu comme une limite contraignante, il devient aujourd’hui un support d’expérimentation où se rejouent les liens entre habitat, mobilité et climat.
L’ilot Henri-Martin : habiter autrement le patrimoine ordinaire
Situé au croisement des rues Henri-Martin et Galilée, cet ensemble assez dégradé, biens de la ville et la MEL, incarne les tensions entre obsolescence du bâti et nécessité de la sobriété à tous les niveaux. Les étudiants ont notamment choisi d’y déployer le scénario de l’ADEME « Coopérations territoriales », misant sur la mutualisation et la proximité. Leurs propositions reposent sur l’idée d’un co-living intergénérationnel c’est-à-dire un espace qui associerait des logements modulaires, des espaces partagés (coursive, cuisine commune, ateliers), et un phasage évolutif intégrant le réemploi des matériaux existants. Ce projet défend une approche à la fois frugale et solidaire. Cela consiste à faire avec le déjà-là, comme par exemple la valorisation de la brique et les savoir-faire locaux, la transformation du cœur îlot.
L’îlot Perrot-Duc où énergie, mixité et circularité se rejoignent
À proximité immédiate du canal, l’îlot Perrot-Duc pose la question de la performance énergétique et de la requalification d’un tissu mixte, mêlant hangars, garages et maisons vacantes. Les étudiants ont comparé les scénarios de l’ADEME avant de retenir un modèle hybride entre réemploi, mixité programmatique et efficacité énergétique. Leur réflexion articule plusieurs échelles : valorisation de la chaleur urbaine via le raccordement au réseau de chaleur de Roubaix, utilisation du canal comme ressource énergétique par pompe à chaleur eau/eau, choix de matériaux biosourcés et circuits courts.
Le projet imagine un quartier à énergie maîtrisée, ouvert sur le canal et ponctué d’espaces partagés. L’ambition dépasse la simple rénovation : il s’agit de démontrer qu’un îlot dégradé peut devenir démonstrateur de transition bas carbone, conciliant mémoire industrielle et innovation technique.
La cité Delcroix : placer l’habitant au cœur du projet (oui !)
La Cité Delcroix est un ensemble de maisons de courées en partie toujours habitées. Elle questionne la rénovation de formes urbaines populaires liées à l’industrialisation. Ici, la démarche des étudiants s’est ancrée dans une logique d’habitat coopératif et progressif : chantiers participatifs, réemploi in situ, et logements dits « tiroirs » qui permettent la rénovation par rotation. Le projet privilégie la co-conception avec les habitants, intégrant des jardins partagés, une gestion collective de l’eau et de la chaleur, et la mutualisation d’espaces communs. Les propositions de phasage traduisent une vision douce du changement. Il s’agit bien de transformer sans exclure, de valoriser les savoir-faire habitants et de réactiver le sens d’une communauté d’habitats. Cette approche fait des courées un laboratoire de l’économie circulaire et sociale, articulée à une rénovation thermique et au potentiel solaire des toitures.
Une culture du projet coopératif
Le MPP#5 révèle à nouveau l’efficacité d’une pédagogie du projet partagé, où chaque discipline – architecture, paysage, ingénierie– contribue à tisser un récit commun du territoire. Entre frugalité, innovation et ancrage local, ces propositions esquissent les contours d’une nouvelle manière d’habiter ce qui est « déjà-là » au croisement du réemploi, de la participation, de la transition énergétique et des énergies citoyennes.
Rendez-vous début 2026 pour la finalisation et la présentation des propositions issues de ce MPP#5 d’automne.
